On définit souvent les banques éthiques en Europe, et son représentant en France, la Nef, par leurs 2 caractéristiques les plus marquantes :
le financement exclusif de projets à impact positifs
la publication de tous les prêts réalisés, afin d’être totalement transparents et de rendre conscients et responsables les citoyens sur le pouvoir de leur argent.
Il me semble important de rappeler les autres caractéristiques et dimensions de ces institutions.
Nous allons ainsi reprendre et synthétiser la charte de la FEBEA, la Fédération Européenne des Banques Ethiques et Alternatives.
Une mission orientée vers le bien commun, et non la lucrativité. Les bénéfices doivent être majoritairement réinvestis dans l’activité pour consolider la banque et augmenter son impact positif sur la société
Dans les faits, la plupart des banques éthiques, comme la Nef, sont des coopératives, qui ont une lucrativité très limitée pour leurs sociétaires, fixée par la loi
Les parties prenantes (employés, clients, etc.) sont largement associés à la gouvernance. Dans les faits, les clients (particuliers comme professionnels) sont représentés dans les instances.
A la Nef, on compte ainsi, au-delà de sociétaires personnes physiques, un représentant de Biocoop, de Terre de Liens, d’emprunteurs hier comme Etic et aujourd’hui Lamazuna, etc.
Une banque éthique doit être autonome, sans qu’un groupe bancaire traditionnel en soit l’actionnaire majoritaire.
Le fait de ne pas dépendre d’un actionnaire majoritaire bancaire traditionnel est évidemment une garantie d’indépendance, mais aussi de ne pas servir d’alibi à un Groupe qui serait lui nocif.
A la Nef, le fonctionnement coopératif égalise tous les sociétaires à 1 voix quelque soit le nombre de parts sociales.
En outre, aucun sociétaire ne peut détenir plus de 10% du capital. La règle des 10% sert à renforcer le principe coopératif : un sociétaire avec 50% des parts aurait nécessairement plus de pouvoir qu’un autre, en menaçant par exemple de retirer ses parts s’il n’est pas écouté.
Dernière remarque, le fait de ne pas dépendre d’un actionnaire majoritaire n’est pas nécessairement positif, car cela peut amener une atomisation des sociétaires et un faible contrôle sur la gouvernance de la structure.
Les financements d’une banque éthique doivent être analysés afin d’avoir un impact positif au niveau social et écologique, et pas seulement exclure les entreprises les plus nocives, ou sélectionner les moins mauvaises.
L’utilisation de l’argent doit être transparente, les épargnants devant pouvoir connaître à quoi est utilisé leur argent :
Vous pouvez retrouver par exemple la cartographie en ligne de la Nef, ou la liste exhaustive de tous les prêts qu’elle réalise chaque année. En France, elle est la seule à le faire.
Son modèle économique exclut les activités de spéculation et l’utilisation de paradis fiscaux
Une banque éthique a un rapport maximal entre la rémunération totale du plus haut et du plus bas salaire de 1 à 7.
A la Nef, le rapport est actuellement de 1 à 4.5.
Nous allons voir prochainement le phénomène des “néobanques vertes”, qui empruntent beaucoup du vocabulaire des banques éthiques, malgré un greenwashing très important et un impact qui n’a rien à voir.